NEW YORK (AFP) - La crise financière devait être au centre du débat annuel de l'Assemblée générale de l'ONU qui s'ouvre mardi, alors que les principales Bourses asiatiques et européennes reculaient à nouveau en raison des doutes des investisseurs sur le plan de sauvetage des banques américaines.
Alors qu'à New York les dirigeants de la planète doivent évoquer la crise qui secoue depuis dix jours les marchés financiers, le Congrès américain poursuit ses débats sur le plan de sauvetage des banques d'un montant de 700 milliards de dollars.
Le président français Nicolas Sarkozy a réclamé lundi des sanctions contre les responsables du "désastre" qui frappe les marchés financiers. "Qui est responsable du désastre ? Que ceux qui sont responsables soient sanctionnés et rendent des comptes et que nous, les chefs d'Etat, assumions nos responsabilités", a-t-il dit, sans identifier ces "responsables".
Le président de la banque centrale américaine (Fed) Ben Bernanke devait pour sa part intervenir devant la Commission bancaire du Sénat américain vers 15h30 GMT. Ses propos et réponses aux questions des sénateurs seront décortiquées par les marchés financiers qui s'interrogent sur le devenir du plan de sauvetage des banques proposé par le secrétaire au Trésor américain Henry Paulson et soutenu par Ben Bernanke.
Ce plan prévoit de créer un fonds de quelque 700 milliards de dollars pour racheter les actifs dévalués des banques et leur permettre de "nettoyer" leurs bilans.
Les marchés financiers avaient accueilli avec euphorie l'annonce de ce plan vendredi mais sont depuis redescendus sur terre. Les marchés asiatiques -- à la notable exception de Tokyo fermé mardi -- et européens étaient orientés à la baisse mardi. Le dollar subit pour sa part un fort accès de faiblesse depuis lundi, provoquant en retour une nouvelle envolée des prix du pétrole.
Malgré son ampleur, le plan de sauvetage américain ne lève pas les incertitudes.
Le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn a ainsi salué mardi les "mesures courageuses", prises par les Etats-Unis pour stabiliser le système financier mais a averti que des mesures au niveau mondial seront nécessaires pour sortir de la crise. "D'autres économies développées devraient aussi se préparer à adopter des plans d'urgence", a estimé M. Strauss-Kahn dans un éditorial publié dans le Financial Times. "Des ajustements fiscaux importants pourraient être rendus nécessaires" pour supporter les coûts d'une telle mesure, prévient-il.
Les conséquences financières de ce plan font craindre pour la croissance américaine et font donc baisser le dollar.
Le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Angel Gurria, a estimé que le plan américain contribuera "à rétablir le bon fonctionnement des marchés financiers et préservera l'emploi et l'activité économique".
Le président américain George W. Bush, qui devait aussi intervenir mardi devant l'assemblée générale de l'ONU, a prévenu les membres du Congrès qui sont réticents que "l'absence d'action aurait des conséquences importantes" pour l'économie américaine.
Selon les derniers sondages, la crise financière semble plutôt profiter au candidat démocrate Barack Obama aux élections présidentielles américaines du 4 novembre. Il bénéficie désormais de 51% des intentions de vote contre 46% à son rival républicain John McCain.
Selon ce sondage CNN/Opinion Research Corporation, un Américain sur deux impute la tourmente financière actuelle aux républicains, au pouvoir depuis huit ans à Washington.