Trucages et bobards, par Sébastien Puygrenier

C'est le genre d'histoire qui ne fait jamais plaisir à entendre. Mon club du Zénith Saint-Pétersbourg est soupçonné d'avoir acheté un match, peut-être même deux, pendant la Coupe de l'UEFA 2008. Plus précisément, des mafieux russes soi-disant aux ordres du club auraient dépensé entre 20 et 40 millions d'euros pour acheter la demi-finale opposant le Zénith au Bayern Munich (4-0 pour nous), le grand favori de la compétition, puis la finale contre les Glasgow Rangers (victoire encore des nôtres par 2 à 0). Enfin, c'est ce que disent ces deux types, un certain Gennadios Petrov, chef de l'organisation mafieuse Tambovskaya, et son adjoint, arrêtés cet été en Espagne. Une enquête est en cours. L'affaire est sortie le 1er octobre dans la presse espagnole, au lendemain de notre match de Ligue des champions contre le Real Madrid. Comme si la défaite 2 à 1 contre le grand Real ne suffisait pas, nous voici accusés d'être des truqueurs. J'étais encore à Nancy la saison passée, inutile de me demander si je me souviens de quoi que ce soit ! Par contre, j'ai profité d'un moment à la fin d'un entraînement pour demander des explications à mes coéquipiers. "N'écoute pas ça, ce ne sont que des bobards", ont-ils répondu en substance. Les médias russes n'avaient pas dû tarder à relayer l'info. Lorsque j'en ai parlé aux joueurs, ils étaient tous au courant. Pas un mot en revanche du coach pendant les séances d'entraînement cette semaine, sauf peut-être celles que j'ai ratées. Je suis tombé malade après le repas au restaurant organisé pour l'anniversaire du défenseur Alexandre Anyukov. Une intoxication alimentaire. Ce n'était pas le nouveau coup d'un mafieux russe, juste le poisson qui n'est pas passé. Dimanche, en championnat, on a écrasé Vladivostok 8 à 1. Même contre le 14e du classement, une victoire comme ça, à domicile, ça fait plaisir.

Sébastien Puygrenier, ancien défenseur de Nancy, a rejoint, cet été, le Zénith Saint-Pétersbourg, vainqueur de la Coupe de l'UEFA