Obama commence à former son équipe
A dix semaines de sa prise de fonctions à la Maison Blanche le 20 janvier prochain, Barack Obama commence à constituer sa future administration qui aura les lourdes tâches de relever l'économie nationale et organiser le désengagement américain d'Irak, entre autres.
Dès mercredi, le président-élu a proposé le poste de secrétaire général de la Maison Blanche au représentant de Chicago Rahm Emanuel, un ancien de l'administration Clinton. Après avoir réfléchi, soupesant les conséquences sur sa vie familiale, Rahm Emanuel a accepté jeudi selon des responsables à Washington cette nomination à ce poste, considéré comme l'un des plus importants au sein de l'exécutif.
Barack Obama et son équipe de transition ont des centaines de postes à pourvoir avant l'investiture du 20 janvier, une tâche compliquée par la promesse démocrate de ne pas recruter de personne ayant travaillé pour un groupe de pression.
D'après le site officiel de la campagne, aucun membre du staff politique ne pourra travailler sur des "régulations ou des contrats directement ou substantiellement liés à leur ancien employeur durant deux ans". En outre, "aucun membre du staff politique ne pourra faire de lobbying auprès de l'exécutif après avoir quitté le service du gouvernement, pour le reste de l'administration".
Il y a un an, alors qu'il faisait campagne en Caroline du Sud, le candidat Obama avait édicté des règles plus strictes, concernant les membres des groupes de pression. "Je ne prends pas un cent de leur argent et, lorsque je serai président, ils ne trouveront pas d'emploi à la Maison Blanche".
En raison de leur connaissance des organes gouvernementaux de Washington, les employés des lobbies ont souvent par le passé été pressentis pour faire partie des staffs présidentiels, des deux camps.
Barack Obama ne devrait pas faire d'apparition publique avant la conférence de presse qu'il a promis de donner vendredi, selon des proches du président-élu.
La composition de l'équipe de transition a été annoncée par un communiqué. Elle comporte John Podesta, qui avait été secrétaire général de la Maison Blanche sous Bill Clinton, Pete Rouse, qui avait été le directeur de cabinet d'Obama au Sénat, et Valerie Jarrett, une amie et conseillère de campagne du président-élu.
Plusieurs responsables démocrates expliquent que la constitution de la future administration est déjà bien en marche. Les délibérations ont commencé il y a des semaines, mais en secret afin de ne pas paraître trop confiant avant le scrutin de mardi. D'après ces responsables, le gouvernement devrait comprendre des fidèles de longue date d'Obama ainsi que des anciens de l'administration Clinton.
En faisant de Rahm Emanuel le secrétaire général de la Maison Blanche, Barack Obama fait appel à un homme originaire de l'Illinois, comme lui, mais avec un style bien éloigné du sien. A côté du calme et de la pondération du président-élu, Emanuel est abrupt et tenace.
Il a été conseiller politique de Bill Clinton avant de se reconvertir dans la banque d'investissement. Il y a six ans, il a été élu à la Chambre des Représentants. En tant que président du comité de campagne électorale 2006, il a joué un rôle important dans la victoire des démocrates, qui ont récupéré la majorité à la Chambre cette année-là.
Les grandes manoeuvres pour obtenir les autres postes ont elles aussi commencé. Certains démocrates affirment que le sénateur John Kerry se verrait bien secrétaire d'Etat. "Ce n'est pas vrai, c'est ridicule", a démenti Brigid O'Rourke, la porte-parole de l'ancien candidat malheureux à la présidentielle 2004.
Le président sortant George W. Bush a indiqué jeudi qu'il s'entretiendrait la semaine prochaine avec son successeur Barack Obama, tandis que son administration travaillerait à une transition sans accroc. "M'assurer que cette transition se déroule aussi aisément que possible est ma priorité pour le reste de mon mandat".
Battu lors de la présidentielle de mardi, John McCain va retourner au Sénat, où il siégera à la commission des Forces armées. Il pourrait ainsi influencer la politique d'Obama sur le désengagement d'Irak. En reconnaissant sa défaite mardi, le sénateur républicain de l'Arizona a promis de "faire tout ce qui est en (son) pouvoir pour l'aider à nous faire franchir les défis auxquels nous sommes confrontés".
Le secrétaire au Trésor Henry Paulson, en charge du plan de sauvetage de l'économie américaine, a lui aussi promis de tout faire pour que la transition se déroule au mieux et que l'administration qui prendra ses fonctions en janvier soit totalement opérationnelle.