EDF s'offre British Energy

EDF s'offre le leader du nucléaire civil en Grande-Bretagne. Son conseil d'administration a approuvé mardi soir une nouvelle offre de rachat de British Energy (BE). Celle-ci a été relevée à 774 pence par action, ce qui valorise l'ensemble du groupe britannique à 15,6 milliards d'euros. EDF, détenu à 84,8 % par l'État français, déboursera précisément 5,5 milliards d'euros, le groupe rachetant dans un premier temps la part de l'État britannique, soit 35,2 % du capital, qui lui en assure néanmoins le contrôle. Le groupe britannique Centrica, spécialisé surtout dans le gaz, discute à présent avec l'opérateur français d'une part de 25 % dans la nouvelle entité EDF-BE.

En rachetant BE, qui possède huit des dix centrales nucléaires du pays, EDF, qui en exploite déjà 19 en France, accède à un marché nucléaire prometteur, que le gouvernement britannique a décidé, en janvier, de relancer. Déjà présent au Royaume-Uni à travers sa filiale EDF Energy, il pourrait même davantage s'y implanter, puisqu'il est candidat, avec le groupe nucléaire français Areva, à la construction de réacteurs de troisième génération EPR outre-Manche. Ce rachat asseoit aussi sa domination en Europe, où il est déjà le premier producteur d'électricité, et le conforte dans sa stratégie de se développer à l'international dans le nucléaire à partir de quatre pays cibles (Royaume-uni, États-Unis, Chine et Afrique du Sud).

Quatre nouveaux réacteurs vont être montés

Le ministre des Entreprises John Hutton a justement annoncé que le groupe français compte construire quatre nouveaux réacteurs : deux à la centrale de Hinkley Point et deux autres à la centrale de Sizewell, pour une capacité totale de 6,4 gigawatts. Le premier de ces réacteurs devrait commencer à fonctionner fin 2017. Le ministre a indiqué en particulier avoir trouvé un accord avec EDF au terme duquel celui-ci vendra des terrains "sur certains sites, en certaines circonstances", à d'autres opérateurs nucléaires potentiels.

John Hutton a remarqué enfin que l'offre à 12,5 milliards de livres (1,8 milliard d'euros) d'EDF sur British Energy est "l'un des plus gros investissements directs jamais réalisés au Royaume-Uni", et considère que cela "démontre l'attractivité du marché britannique pour le secteur privé". L'opération avec BE compense par ailleurs le revers essuyé par le groupe français aux États-Unis la semaine dernière. Son partenaire américain Constellation Energy a choisi d'être racheté par le milliardaire Warren Buffett pour 4,7 milliards de dollars (3,2 milliards d'euros) et non par le groupe français, qui avait pourtant formulé une offre d'un montant supérieur (35 dollars par action au lieu de 26,5).