WASHINGTON (AFP) -
Un vaste plan de sauvetage des banques américaines a été promulgué vendredi par le président
George W. Bush, peu après avoir été adopté par la
Chambre des représentants et deux jours après l'aval du
Sénat, une mesure attendue par les places boursières du monde entier.
Ce plan de
700 milliards de dollars donne au Trésor américain des moyens historiques pour intervenir sur le secteur financier.
La Chambre a approuvé vendredi par 263 voix contre 171 cette
"Loi de stabilisation économique d'urgence 2008" de
850 milliards de dollars en tout, si l'on compte le coût des amendements divers ajoutés au cours d'âpres négociations pour satisfaire les élus récalcitrants.
Le président américain
Bush a immédiatement jugé ce plan vital "pour aider l'économie américaine à survivre à la tempête financière" mais a averti que "cela prendrait du temps" avant que les effets du plan ne se fassent sentir.
Une majorité de 218 voix était nécessaire pour faire passer ce texte à
la Chambre, qui l'avait rejeté le 29 septembre par 228 voix contre 205.Le Sénat avait adopté haut la main mercredi (74-25) le texte légèrement révisé sur le fond mais lourdement amendé par des ajouts divers pouvant satisfaire les élus
récalcitrants de
la Chambre.
A la
Bourse de New York, alors que l'espoir de l'adoption du plan avait fait prendre au Dow Jones jusqu'à 300 points, la concrétisation du vote a provoqué une vague de ventes chez les opérateurs de marché et Wall Street avait effacé tous ses gains après le vote: le Dow Jones grapillait 0,10% seulement et le Nasdaq 0,05%.
Les Bourses européennes avaient clôturé en hausse, semblant anticiper une approbation du plan:
Paris a pris 2,96%,
Francfort est montée de 2,41% et
Londres de 2,26%. Lors du rejet du texte en début de semaine, le Dow Jones avait plongé de près de 800 points.
Le secrétaire au Trésor
Henry Paulson a promis d'agir rapidement selon son plan qui lui permet de puiser dans une manne de
700 milliards de dollars pour assainir les institutions financières chancelantes après la crise immobilière.
Le président de
la Réserve fédérale américaine (Fed),
Ben Bernanke, s'est également réjoui de l'adoption du plan.
Durant le vote, si attendu par les marchés, les représentants, venus nombreux, avaient les yeux rivés sur le grand mur de l'hémicycle qui affiche le scrutin par des voyants lumineux. Des applaudissements ont crépité lorsque la majorité de 218 voix a été atteinte puis dépassée.
"C'est un compromis mais c'est un début", a déclaré la présidente démocrate de la Chambre
Nancy Pelosi lors de son intervention à la tribune. Elle a insisté sur la coopération des deux partis dans la préparation de la loi et a surtout évité d'épingler l'héritage de la politique économique du président
Bush, comme on le lui avait reproché lors de son discours le jour du rejet du
plan Paulson par les représentants.
"Notre regard se tourne vers l'avenir, afin de faire éclater la lumière de la responsabilité sur ce qu'il s'est passée sur nos marchés financiers pour que cela ne se reproduise pas", a ensuite déclaré
Mme Pelosi lors d'une conférence de presse. La responsable démocrate a promis des auditions dès octobre pour expliquer "ce qui n'a pas fonctionné" sur les marchés et entamer des réformes.
"Aujourd'hui nous avons eu un vote très fort réunissant les deux partis et j'espère que nous avons réalisé deux choses. J'espère d'abord que nous avons restauré la confiance des marchés. Ensuite, j'espère que nous avons restauré la crédibilité de nos institutions politiques", a estimé pour sa part
James Clyburn, représentant démocrate membre du
Caucus noir.
Après plusieurs jours d'intenses tractations, plusieurs représentants qui s'opposaient au plan jugé comme une intervention de la main de l'Etat pour sauver Wall Street aux frais des contribuables, avaient annoncé jeudi avoir changé d'avis.
Plusieurs démocrates ont par exemple indiqué vendredi que des appels téléphoniques du candidat à la présidentielle
Barack Obama les avaient aidés à se raviser et à voter pour.
John McCain en campagne dans le
Colorado a réagi vendredi en affirmant que la loi de sauvetage financier devait "aider les classes moyennes, pas Wall Street".