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 Paris, le 17 octobre 1961 - Pour ne pas oublier - Recueil d'articles

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Equus

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Paris, le 17 octobre 1961 - Pour ne pas oublier - Recueil d'articles Empty
MessageSujet: Paris, le 17 octobre 1961 - Pour ne pas oublier - Recueil d'articles   Paris, le 17 octobre 1961 - Pour ne pas oublier - Recueil d'articles Icon_minitimeSam 18 Oct - 16:02

Fatima Bedar avait 15 ans

Paris, le 17 octobre 1961 - Pour ne pas oublier - Recueil d'articles Fatima10


La collégienne martyre du 17 octobre 1961

C’était le 17 octobre 1961. Les Français musulmans algériens (FMA) avaient occupé Paris le temps de dire au préfet de police, Maurice Papon, qu’ils étaient des Algériens ; que comme leurs frères, pères, sœurs et mères de la colonie en guerre, ils étaient avec le Front de libération nationale et pour la libération de leur pays du joug du colonialisme français. Pour eux aussi, l’indépendance de l’Algérie n’avait pas de prix. Les ouvriers algériens étaient sortis manifester pacifiquement contre le couvre-feu raciste imposé par Papon aux seuls Algériens à l’exclusion de toutes les autres populations vivant à Paris et sa banlieue. Plus qu’une commémoration, ce 45e anniversaire de la chasse au faciès, ordonnée par les plus hautes autorités de Paris, est celui d’un retour, celui du transfert de la France vers l’Algérie, des restes post-mortem de la jeune chahida Fatima Bedar. Née le 5 août 1946 à Béjaïa, elle n’a que cinq ans quand elle rejoint, avec sa mère et sa sœur, son père à Sarcelles. Fatima était l’aînée de quatre sœurs et deux frères auxquels s’ajouteront ultérieurement deux autres sœurs. Fatima ne les verra pas, car entre elle et eux des mains criminelles se sont interposées pour mettre fin à sa vie. Comme tous les Algériens qui vivaient dans la banlieue parisienne, son père Hocine, employé à Gaz de France, domicilié à Stains en Seine-St-Denis, avait tenu à répondre présent à l’appel de la Fédération de France du FLN. Mon propos n’est pas de faire ou refaire l’historique du 17 octobre 1961. D’autres en ont fait leur objet de recherche. Nous voulons tout simplement contribuer au devoir de mémoire en faisant revivre le temps d’un souvenir, qui se voudrait ineffaçable, la figure angélique de Fatima. La sortir de l’oubli, la restituer à son pays, à l’histoire de l’Algérie pour laquelle elle a fait don de sa vie. Tel est l’objet de ce modeste papier. Cette chahida, de 15 ans passés de 2 mois et 12 jours, ne constitue qu’une pièce d’un puzzle éclaté en mille morceaux dont la reconstitution exige des moyens appropriés et des sacrifices humains à la mesure des objectifs que s’assigne tout chercheur. C’est dans cet esprit que nous avons organisé, entre autres, deux tables rondes. L’une le 17 juin 2002 en hommage à la moudjahida Baya Hocine décédée le 1er mai 2000, l’autre le 16 octobre de la même année en hommage précisément à Fatima Bedar. Mais qui est Fatima Bedar ? Réponse courte à une question courte : une élève du collège commercial et industriel féminin sis rue des Boucheries, à Saint-Denis. Comment devient-on chahida quand on n’a que 15 ans et qu’on réside en France ? Y a-t-il d’abord un âge à cela ? Il faut inverser la question et se demander comment cette adolescente au regard doux, à la coiffure soignée, au sourire angélique, au visage serein, malgré des sourcils prononcés et une tenue vestimentaire simple mais de bon goût, a pu se retrouver le soir du 17 octobre 1961 au fond des eaux mortelles de la Seine ? Elle n’avait pourtant pas l’air d’une enfant revêche, elle n’était pas rebelle à l’autorité paternelle. Elle ne portait pas non plus en elle les signes d’une enfant travaillée par le militantisme et l’engagement jusqu’au sacrifice suprême. Pour répondre à ces questions et à d’autres qui se poseront par la suite, tout un travail d’enquête s’impose. On ne vient pas au militantisme comme on va faire ses emplettes un couffin à la main. Les dures conditions de vie et de travail imposées de fait à l’émigration maghrébine en France, particulièrement ceux vivant dans la banlieue parisienne, renvoyaient les ouvriers algériens de Renault-Billancourt, de Peugeot, du bâtiment, des mines… à un passé qu’ils avaient laissé loin derrière eux en Algérie. Saint-Denis n’était pas le ghetto de Nanterre, mais la misère humaine de ces ouvriers des colonies qui était partout la même. C’est dans ces foyers, parmi les ouvriers maghrébins qu’est née l’Etoile nord-africaine. Le nom, les idées du père du nationalisme algérien, Hadj Messali, faisaient partie des rudiments de la culture militante de chaque ouvrier. La photo du zaïm constituait un élément du mobilier familial, aussi modeste était-il. L’histoire mouvementée de l’ENA, du PPA et du PPA-MTLD, les incarcérations répétées du zaïm, les interdits en tous genres qui le frappaient et son exil faisaient partie de la culture historique diffuse des ouvriers perquisitionnés de nuit dans les meublés, dans les foyers nord-africains, dans les bidonvilles et autres espaces de regroupement de l’immigration algérienne. Vint le 1er novembre 1954, les premières cellules FLN en France, les attaques contre les harkis, l’incendie dans la nuit du 24 au 25 août 1958 par les commandos de la Fédération de France du FLN des raffineries de Mourepiane près de Marseille. La guerre d’Algérie avait franchi les portes de Paris et de la métropole. Le sigle FLN éclipse, non sans peine, le MNA qui livre une autre guerre à son rival. Les autorités françaises multiplient les contrôles d’identité, les rafles, les séquestrations, la torture des Algériens. Les disparitions par noyade, les pendaisons sauvages au Bois de Boulogne qui avaient commencé bien avant le 17 octobre, suscitaient l’inquiétude de certains journaux comme Le Monde ou Témoignage chrétien. Fatima a baigné dans ce climat d’angoisse, de terreur et de lendemains incertains, celui de ne pas voir revenir son père la nuit tombée. Fatima avait 8 ans en novembre 1954, 15 en 1961, un âge où la curiosité est la mère des écoles. Mais Fatima était connue pour son sens des responsabilités. Elle secondait sa mère dans les travaux ménagers en même temps qu’elle assurait le suivi scolaire de sa jeune sœur Louisa qui voyait en elle une seconde maman et accompagnait le petit Djoudi à l’école maternelle. Bref, c’était jusque-là une fille modèle avec en plus des responsabilités d’une jeune fille moderne. L’annonce du 17 octobre brouillera toutes les cartes. Tout change brusquement. En décryptant à partir de l’une de ses dernières photos les traits de cette collégienne tout à fait comme les autres, on découvre une autre Fatima. Elle paraît grave et surtout déterminée. Les Bedar gardent en mémoire deux 17 octobre. Celui d’une discussion animée entre Djida, la mère et sa fille et celui de la disparition de Fatima. Les parents ne voulaient pas que leur fille prenne part à la manifestation prévue le soir-même. Sa mère l’avait chargée de garder ses frères et sœurs. La détermination de Fatima était telle, qu’elle sortira en courant du domicile familial qu’elle quitta à jamais. Dans sa course vers l’inconnu et malgré la tension entre elle et sa mère, Fatima n’avait pas oublié de prendre avec elle son cartable. C’était mardi et elle avait classe. Le 18 octobre, son père signale sa disparition au commissariat de Saint-Denis Banlieue. Un procès-verbal daté du même jour en fait foi. Hocine et son épouse que suivait le petit Djoudi, la chercheront en vain jour après jour dans les rues de Stains. Les recherches prendront fin le 31 octobre avec la découverte par les pompiers, à la 7e écluse du canal de Saint-Denis de la dépouille d’une jeune fille qu’ils venaient de repêcher. Le corps était dans un état de décomposition avancé. Il était méconnaissable. Les Bedar ne l’identifièrent que grâce aux longues et épaisses nattes châtain foncé de leur fille disparue la nuit du 17 au 18. Quant au cartable, il sera remis le 1er novembre au père par le commissariat de police de Saint-Denis. Une porte venait de se fermer sur les Bedar et une autre allait s’ouvrir, celle du silence et le refus de dire. Djida rendra l’âme le 3 avril 2003 dans la douleur de la perte cruelle de sa fille aînée. Hocine Bedar, aujourd’hui malade, sa sœur Louisa et son frère Djoudi se souviennent des derniers moments qui opposèrent Fatima à sa mère. Ils gardent en mémoire le cartable restitué par la police, les recherches sans succès dans les rues de Stains dans l’espoir de trouver Fatima. Ils se souviennent du corps tuméfié découvert quatorze jours après sa sortie du domicile. Ils se souviennent de l’inhumation le 4 novembre 1961 de la chahida Fatima Bedar au cimetière communal de Stains. Ils se souviennent de tant et tant de choses. « Mais qui a tué Fatima Bedar ? », s’est interrogé Jean-Luc Einaudi. On ne le saura jamais. Mais ce que l’on sait, c’est qu’au commissariat de Saint-Denis et au poste de police de Stains, dépendant de Saint-Denis, des policiers avaient, depuis des semaines, pris l’habitude de jeter des gens dans le canal et dans la Seine. Sans commentaire.

L’auteur est :Maître de conférence - Département d’histoire Bouzaréah, Alger

Références : 1- Jean-Luc Einaudi : La bataille de Paris. Seuil, Paris, 1991. 2- Idem. : Octobre 1961, un massacre à Paris. Fayard, Paris, 2001 ,385p. 3- Malika El Korso (sous la direction de) : Femmes au combat : hommage à Baya Hocine.Table ronde organisée par le laboratoire Encyclopédie des Figures historiques de la révolution algérienne (1954-1962) ; Centre national d’étude et de recherche sur le Mouvement national et la révolution du 1er Novembre 1954 ; 17 juin 2002. 4- Idem : Militants et militantes de la Fédération de France du FLN et le 17 octobre 1961 : hommage à Fatima Bedar ; idem ; 16 octobre 2002. 5- Fédération de France du FLN, section femmes : Les manifestations des femmes algériennes en France brochure octobre-novembre 1961, 63p. 6- Linda Amiri : La Bataille de France. La guerre d’Algérie en métropole. Laffont ; Paris 2004. 235p. Voir également : 1- Ali Haroun : La 7e Wilaya, la guerre du FLN en France 1954-1962, Seuil, Paris , 1986 ; Ed ; Rahma, Alger, 1992, 522p. 2- Olivier Le Cour Grandmaison (sous la direction) : Le 17 octobre 1961, un crime d’Etat à Paris. Ed. La Dispute, Paris, 2001, 282p.

El Watan 16.10.2006

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MessageSujet: Re: Paris, le 17 octobre 1961 - Pour ne pas oublier - Recueil d'articles   Paris, le 17 octobre 1961 - Pour ne pas oublier - Recueil d'articles Icon_minitimeSam 18 Oct - 17:07

Massacres du 17 octobre 1961:
la reconnaissance par l'Etat français des crimes coloniaux toujours réclamée


Le peuple algérien commémore vendredi le 47e anniversaire des évènements sanglants survenus le 17 octobre 1961 à Paris, au moment où le mouvement associatif, en France et en Algérie, réclame la reconnaissance des crimes coloniaux par l'Etat français. A la veille de cette date de triste mémoire pour le peuple algérien, l'association "93 au coeur de la République" d'Aubervilliers (Seine Saint-Denis), à Paris, réclame la "reconnaissance officielle des massacres du 17 octobre 1961 comme crime d'Etat" et "l'inscription dans les manuels d'histoire de cette tragédie".
L'association considère ainsi que "la mémoire collective se trouve privée des raisons et des circonstances du massacre de centaines de manifestants algériens pacifiques", survenus en plein Paris, ce jour-là. Elle estime en outre, que "ce voile jeté sur un crime d'Etat peut et doit être levé par des actions fortes de transmission de notre mémoire collective".

Un groupe de plus d'une vingtaine d'associations et de partis politiques français ont appelé à un rassemblement le jour anniversaire de ces événements (vendredi), expliquant que le 17 octobre 1961, "des dizaines de milliers d'Algériens manifestaient pacifiquement à Paris contre le couvre-feu discriminatoire qui leur avait été imposé par Maurice Papon, préfet de police de Paris". Les organisateurs ont fait savoir que ces Algériens "défendaient leur droit à l'égalité, leur droit à l'indépendance et le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes".

Ce jour-là, et les jours qui suivirent, des milliers de ces manifestants furent arrêtés, emprisonnés, torturés ou, pour nombre d'entre eux, refoulés en Algérie.

"Des centaines, victimes d'une violence et d'une brutalité extrêmes, perdirent la vie aux mains des forces de police, suivant les ordres de leurs supérieurs", ont ajouté les signataires de l'appel, pour qui "47 ans après, la vérité est en marche. Cependant, la France n'a toujours pas reconnu sa responsabilité

dans les guerres coloniales qu'elle a menée, en particulier la guerre d'Algérie, non plus que dans le cortège de drames et d'horreurs qu'elle a entraînés ou dans ce crime d'Etat que constitue le 17 octobre 1961".

Dénonçant les milieux qui "osent encore aujourd'hui continuer à parler des bienfaits de la colonisation et des honneurs officiels sont rendus aux criminels de l'OAS", ils ont affirmé que "malgré un discours, parfois ambigu et contradictoire, sur le passé colonial de la France, la politique menée par le président de la République (Nicolas Sarkozy) témoigne d'une réelle volonté de sa réhabilitation".

Les organisateurs de la manifestation ont déploré l'annonce faite récemment par le gouvernement français de la création d'une Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie , en application de l'article 3 de la loi du 23 février 2005 dont un alinéa de l'article 4, aujourd'hui disparu, qui voulait initialement inciter les enseignants à présenter les "aspects positifs de la colonisation".

Ils ont estimé qu'une telle fondation "risque de se retrouver sous la coupe d'associations nostalgiques qui voudraient pouvoir exiger des historiens qu'ils se plient à la mémoire de certains témoins".

Pour être fidèles à la mission scientifique, les historiens ont besoin de pouvoir accéder librement aux archives, échapper aux contrôles des pouvoirs ou des groupes de pression et travailler ensemble, avec leurs homologues, entre les deux rives de la Méditerranée, a-t-on relevé.

Cependant, la nouvelle loi sur les archives, votée en 2008, fixe des délais de consultation aux dossiers judiciaires qui retardera "en particulier les recherches sur l'organisation criminelle de l'OAS que certains, au sein même du parti du président de la République, cherchent à réhabiliter", déplore-t-on encore.

Les organisateurs de la manifestation commémorative affirment également que "la recherche de la vérité s'impose pour cette période sombre de notre histoire comme elle s'est imposée pour la collaboration vichyste avec l'Allemagne nazie", soutenant que "ce n'est qu'à ce prix que pourra disparaître la séquelle la plus grave de la guerre d'Algérie, à savoir le racisme dont sont victimes aujourd'hui nombre de citoyens ou de ressortissants d'origine maghrébine ou des anciennes colonies".

Ils ont rappelé qu'en France, "nombre de collectivités locales ont baptisé des places à la mémoire des victimes du 17 octobre 1961", appelant au "développement de ces lieux de mémoire ainsi que la mobilisation de la population devant ces lieux déjà existant".

Pour eux, les morts du 17 octobre 1961 ont "un droit absolu" à la mémoire, "comme tous les martyrs des luttes pour la liberté et ne doivent surtout pas rester les victimes de l'amnésie politique troublante des pouvoir quels qu'ils soient".

Revenant sur la question des archives de la guerre de libération, ils ont exigé qu'elles soient ouvertes aux historiens, constatant que "le gouvernement (français) en place tente actuellement d'empêcher l'exercice de ce devoir de mémoire en verrouillant l'accès aux archives nationales".

Beaucoup parmi les historiens français et algériens accusent les responsables politiques français, de toutes les obédiences d'être "incapables d'assumer le passé colonial de la France et de reconnaître les nombreux crimes commis dans les colonies en général, et en Algérie, en particulier".

En Algérie, toutes les dates anniversaire de la révolution sont des moments forts de recueillement pour lutter contre l'oubli et pour à "avancer dans la mémoire collective", de façon à décoloniser l'histoire.

APS 16.10.2008
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MessageSujet: Re: Paris, le 17 octobre 1961 - Pour ne pas oublier - Recueil d'articles   Paris, le 17 octobre 1961 - Pour ne pas oublier - Recueil d'articles Icon_minitimeSam 18 Oct - 17:19

Henri Pouillot, l'historien Français, écrit sur son site :

Le 17 octobre 1961, lors d’une manifestation non-violente, pour la paix en Algérie et surtout contre le couvre-feu qui leur était imposé, plusieurs centaines d’Algériens étaient assassinés à Paris par des fonctionnaires de police aux ordres de Maurice Papon. Bientôt cinquante ans, que ce crime d’état, un crime contre l’humanité, est occulté. Il n’a jamais été reconnu ni condamné officiellement. Ceux qui l’ont organisé n’ont jamais eu à rendre compte ni de leurs décisions ni de leurs actes.

Nié par les plus hautes autorités de l'époque, le massacre n'a commencé à faire l'objet de recherche qu'à partir du milieu des années 1970 et n'est vraiment devenu largement connu que lorsque Maurice Papon perdit un procès en diffamation contre l’Hitorien Jean-Luc Ennaudi en 1999. L’ancien préfet de police ne pouvait admettre la contestation du bilan officiel paru au lendemain de la manifestation, repris par une partie des journaux : "3 morts, 55 blessés, les policiers se sont défendus face à des manifestants agressifs et armés". Parmi les plus virulents contre les algériens, France-Soir, France-Presse, L'Aurore et Le Figaro se félicitent de l'action de la police. Maurice Papon a été nommé préfet de Police en 1958, sous la IVème République, et il y a été maintenu sous la Vème. C’est à la suite de violentes manifestations de policiers parisiens qu’il est nommé et sa recommandation est "l’efficacité" dont il a fait preuve lors de son mandat de préfet à Constantine. De 1956 à 1958, en tant que préfet et IGAME pour les départements de l’Est algérien, il a instauré un système de répression dans lequel la torture est systématique, les exécutions sommaires courantes. En 1958, il répond à une campagne d’attentats menés en métropole par le F.L.N. en organisant des rafles massives de "Français musulmans d’Algérie ". Les violences à l’encontre de la population nord-africaine de Paris s’institutionnalisent : Papon crée la Force de police auxiliaire, constituée de harkis, qui pratique la torture ; il fait ouvrir le Centre d’Identification de Vincennes, où peuvent être internés, sur simple décision administrative, sans jugement, les Nord-Africains "suspects". M. Papon va jusqu’à instaurer, le 1er septembre 1958, un couvre-feu pour les Nord-africains. Boycotté par le F.L.N., il tombe peu à peu en désuétude. Au cours des opérations de police, des internements, des rafles et des "contrôles" par les harkis, des hommes disparaissent. De nombreuses plaintes sont déposées, pour torture, pour meurtre ; malgré l’accumulation de témoignages accablants, malgré les constatations de sévices par des médecins, malgré le nombre de disparitions, aucune plainte n’aboutira. Toute la population nord-africaine de la région parisienne souffre de ces rafles systématiques et de la violence des harkis qui patrouillent dans les quartiers qu’elle habite, par exemple dans le 18ème ou le 13ème arrondissement.
A la pression des policiers, qui parlent de "se faire justice soi-même", M. Papon répond par un discours sans ambiguïté : le 2 octobre, aux obsèques d’un policier, il déclare : "Pour un coup rendu, nous en porterons dix", puis, plus tard, il assure les policiers que, s’ils tirent les premiers, ils seront "couverts". Le 5 octobre, il instaure un couvre-feu pour les "Français musulmans d’Algérie". Malgré les dénégations du ministre de l’Intérieur, ce couvre-feu raciste institutionnalise la confusion entre "Algérien" et criminel.
Au matin du mardi 17 octobre, la police sait qu’une manifestation de masse se prépare (La fédération parisienne du FLN avait insité pour qu’aucune arme, même pas un canif ne devait être trouvée dans les poches des manifestants) ; des cars de police quadrillent la ville, des policiers cernent les bouches de métro aux portes de Paris, prêts à arrêter les manifestants. Aux portes de Paris, à la sortie des métros Étoile, Opéra, dans les couloirs de la station Concorde, sur les Grands Boulevards, les manifestants seront systématiquement matraqués, à coups de crosse, de gourdin, de bâton, souvent jusqu’à ce qu’ils s’effondrent. Les policiers frappent au visage, au ventre, des manifestants qui ne font montre à aucun moment d’aucune violence ni d’aucune résistance. Sur le boulevard Bonne-Nouvelle, au pont de Neuilly, au Pont-Neuf d’Argenteuil et en d’autres lieux, les policiers tirent sur les manifestants. Sur les ponts aux portes de Paris et sur le pont Saint-Michel, des hommes sont précipités à la Seine. En plein Paris et pendant plusieurs heures se déroule une véritable chasse au faciès, à laquelle la population parisienne assiste et collabore même parfois. Le préfet de police M. Papon suit toutes les opérations et se rend lui-même à l’Etoile, pour constater leur "bon déroulement". Il a aussi connaissance de toutes les liaisons radio de la police. Il sait donc que de faux messages d’information circulent selon lesquels des policiers auraient été tués. Il ne les démentira pas.

Plus de dix mille Algériens sont interpellés. Ils sont internés au palais des Sports, au Parc des Expositions, au stade de Coubertin, au Centre d’Identification de Vincennes, pendant près de quatre jours subisant tortures et humiliations. Des milliers sont refoulés en Algérie.

Quel bilan ?

Le Bilan exact ne sera sans doute jamais possible, des centaines de cadavres seront repêchés tout au long de la Seine pendant plusieurs jours, et un certain nombre ne seront jamais identifiés, comme de nombreux disparus.
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