Cameroun : les rebelles maintiennent le flou sur leurs revendications

Le commandant Ebi Dari, chef des Bakassi Freedom Fighters qui assure détenir dix otages enlevés vendredi dans la péninsule de Bakassi , a affirmé samedi soir que son groupe était prêt "à garder les otages très longtemps" si cela était nécessaire. "Le gouvernement du Cameroun ne nous a pas encore contactés. S'il ne nous appelle pas, nous garderons les otages pour très longtemps. Nous pouvons les garder très, très longtemps", a-t-il affirmé.

Le commandant a aussi mis en garde les autorités contre une intervention militaire : "Si le Cameroun vient pour ça, ah... Là ça va aller mal pour nos otages. Ils vont tous mourir. S'il essaie, il sait très bien qu'on va le faire, il nous connaît, il ne peut pas faire ça". Parmi ces 10 otages capturés sur un navire du groupe français Bourbon, le Bourbon Sagitta, opérant sur un terminal pétrolier, au large de la péninsule de Bakassi, à la frontière avec le Nigeria, se trouvent six Français, deux Camerounais, un Tunisien et un Franco-Sénégalais. Plus tôt dans la journée de samedi, le chef des Bakassi Freedom Fighters avait expliqué que son groupe avait renoncé à tuer un par un les otages à partir de lundi.

Otages en bonne santé

Lors d'un nouvel entretien téléphonique dimanche matin, le chef rebelle à de nouveau refusé de dévoiler quelles étaient les demandes exactes que ferait son mouvement au gouvernement affirmant : "Nous avons envoyé un document il y a trois mois avec nos revendications pour des négociations de paix. Le gouvernement n'a pas répondu". Demande-t-il l'indépendance de Bakassi ? "Pas exactement", a-t-il lâché laconiquement. Et de poursuivre : "Nous ne l'avons pas fait pour l'argent. Nous ne demandons pas d'argent à la compagnie. Les gens de Bakassi souffrent". Il a également assuré que les otages sont en bonne santé.

Les Bakassi Freedom Fighters déclarent lutter pour l'émancipation de Bakassi. Située à la frontière du Nigeria, la péninsule, potentiellement riche en pétrole et en gaz, est une région de mangrove très instable qui grouille de groupes armés. Elle a été pendant 15 ans l'objet d'un différend frontalier entre les deux pays et a été officiellement rétrocédée au Cameroun par le Nigeria le 14 août dernier. Plusieurs incidents ont opposé, ces derniers mois, les forces camerounaises à des groupes armés dans la péninsule. Les Bakassi Freedom Fighters, qui font partie du groupe rebelle nigérian de Niger Delta Defence and Security Council, ont notamment affirmé être à l'origine des attaques de juin et juillet qui ont coûté la vie à 7 soldats camerounais et à un sous-préfet dans la péninsule.

Pour sa part, la France estime qu'il est "de plus en plus crédible" que les Bakassi Freedom Fighters détiennent bien les 10 otages. "Sur le groupe de ravisseurs, même si le temps passant on a plutôt le sentiment que c'est de plus en plus crédible (qu'il s'agisse des BFF), on se garde encore de considérer que c'est absolument et définitivement certain", a déclaré samedi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Eric Chevallier.