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 LA GUERRE D'ALGERIE DANS LE CINEMA FRANCAIS

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MessageSujet: LA GUERRE D'ALGERIE DANS LE CINEMA FRANCAIS   LA GUERRE D'ALGERIE DANS LE CINEMA FRANCAIS Icon_minitimeDim 7 Sep - 5:13

Mathieu Menossi pour Evene.fr - Avril 2007

La guerre d'Algérie et au-delà le rapport qu'entretient la France avec son ancienne colonie sont des sujets que les autorités nationales, civiles comme militaires, continuent d'aborder avec beaucoup de réticence, quitte à les occulter totalement à moins d'y être contraintes et forcées… par un film par exemple. A l'occasion de la sortie en dvd de 'L'Ennemi intime' de Florent-Emilio Siri, retour sur l'histoire cinématographique d'une mémoire collective toujours en construction.
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Universaliser la terreur et la haine, la peur et la souffrance. Dépasser les considérations nationales pour davantage s'intéresser au comportement de l'homme pris dans le tourbillon de l'histoire. Partir de l'intimité d'un groupe d'hommes confronté à la barbarie la plus abjecte pour s'interroger sur cette capacité de l'homme à se faire inhumain. Cet instant où l'individu est mis à nu. Sorte d'état primitif où tout semblant de civilisation s'écroule. Telle est l'approche choisie par le duo Florent-Emilio Siri-Patrick Rotman, respectivement réalisateur et scénariste de 'L'Ennemi intime'. Réunis à l'initiative de l'acteur Benoît Magimel, les deux hommes ont voulu se mesurer à la difficile mise en images du traumatisme longtemps falsifié, censuré ou carrément enfoui qu'a représenté la guerre d'Algérie. Une guerre qui jusqu'en 1999 ne disait même pas son nom. On préférait parler des "événements", de "maintien de l'ordre" et de "pacification". Vile manipulation ou pudeur honteuse… 'L'Ennemi intime' explore cette incapacité partagée tant par les Français que par les Algériens à saisir le sens de cette guerre quasi intestine. Tortures, villages massacrés, attaques au napalm, une population algérienne prise entre deux feux. Dans la recherche du vrai visage de la guerre, 'L'Ennemi intime' apparaît comme le film le plus abouti… jusqu'au prochain. Sans avoir la prétention de porter en lui la vérité absolue, il contribue encore un peu plus à l'édification d'une mémoire collective indispensable. Une mémoire que la France finit par recouvrir peu à peu. Car si Florent-Emilio Siri offre là le premier "film de guerre" sur le sujet, bien des cinéastes français avant lui se sont intéressés à ce déchaînement des passions les plus sauvages.

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Au temps des cinéastes militants
Contrairement au poncif très répandu dans les milieux de la critique journalistique, qui consiste à dire que la France n'aurait pas su se confronter au conflit algérien, c'est au contraire toute une cinématographie à la richesse trop souvent dénigrée qui se dresse dès le début des années 1960 contre le refoulement et l'oubli. Aux allusions à peine murmurées de Louis Malle dans 'Ascenseur pour l'échafaud' (1958) succède très vite un propos plus affirmé : 'Adieu Philippine' (1960) de Jacques Rozier, 'Le Petit Soldat' (1960) de Jean-Luc Godard et 'Le Combat dans l'île' (1961) d'Alain Cavalier. Alors que Français et Algériens se déchirent encore, les "événements" y sont déjà décortiqués d'un point de vue clairement politique. Porté par la Nouvelle Vague, Godard affiche sa détermination à dénoncer les actes de torture dont témoignent les soldats qui ont déserté, traumatisés par ce qu'ils ont vu ou ce qu'ils ont fait… Le réalisateur veut aller au-delà du discours bien-pensant de journaux passés au crible d'une censure omniprésente chargée de préserver le fragile consensus social et moral sur lequel repose la vacillante IVe République. Ainsi Rozier et Godard voient-ils la sortie de leur film retardée de trois ans. Dans 'Cléo de 5 à 7' (1962), Agnès Varda montre cette jeunesse française figée dans la peur d'être enrôlée dans un conflit dont elle se sent étrangère. Le film d'Alain Resnais 'Muriel' (1963) tente quant à lui courageusement d'éveiller l'opinion sur les traitements infligés aux jeunes filles. En 1964, Alain Cavalier revient à la charge avec 'L'Insoumis', tandis que Guy revient d'Algérie transfiguré dans 'Les Parapluies de Cherbourg' de Jacques Demy. Peu à peu, on commence alors à véritablement prendre conscience des réalités guerrières, des enjeux politiques des uns et des autres. Cette mouvance militante se poursuit dans les années 1970 avec 'Elise ou la Vraie Vie' (1970) de Michel Drach et 'La Question' (1977) de Laurent Heynemann. Une décennie qui connaît également son lot de contestations avec le très orienté mais non moins bouleversant 'Avoir 20 ans dans les Aurès' (1972) de René Vautier, connu pour son obédience communiste, et 'R.A.S.' (1972) d'Yves Boisset. Si le premier n'obtient son visa d'exploitation qu'au prix d'une grève de la faim, le second voit son tournage saboté et ses financements bloqués.

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Entre obscurantisme, manipulation politique, (auto)censure et oublis, la marge de manoeuvre octroyée aux cinéastes est encore très réduite et contribue à diffuser une image souvent tronquée ou déformée de la guerre d'Algérie. Et s'il s'agit le plus souvent de films autour de la guerre plus que de films de guerre proprement dits, tous s'accordent à dénoncer ce conflit qui dénature et défigure cette génération née vingt ans plus tôt et maintenue dans sa contrition. Selon l'historien Benjamin Stora, "le sentiment d'oubli de la guerre d'Algérie s'explique moins par l'absence de mémoire que par l'existence de mémoires tronquées, partielles et partiales, de légendes et stéréotypes élaborés dans la crainte d'une parole vraie." (1) Malgré tout, il s'agit d'un premier travail de dépouillement. D'un premier regard, forcément passionné, dont le but était d'abord de se demander comment avant d'expliquer pourquoi. La France n'est déjà plus tout à fait la même.

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Vers une objectivation des regards
Conséquences d'une censure castratrice venue à bout des esprits les plus retors, les années 1980 et 1990 révèlent une certaine lassitude en matière de réflexion politique sur grand écran - à l'exception du film de Pierre Schoendoerffer 'L'Honneur d'un capitaine' (1982). Il faut attendre le début des années 2000 pour voir renaître un certain intérêt des Français pour la politique. Un certain 21 avril aurait-il sorti de sa torpeur une opinion jusque-là figée dans son apathie ? Quoi qu'il en soit, le cinéma, miroir de nos réflexions et de nos interrogations, se fait le porte-parole de cette conscience politique retrouvée. Les esprits apaisés, les consciences moins impliquées, ils s'efforcent de poser un regard objectif sur les tenants et les aboutissants de la présence française en Algérie. A l'instar de Philippe Faucon et de son film 'La Trahison' (2005), et de Laurent Herbier avec 'Mon Colonel', sorti l'année suivante. Et c'est assez rare pour être souligné : ces deux productions ont été tournées en Algérie, symbole de ce désir d'objectiver le conflit. Le premier ancre sa réflexion dans le concret du quotidien en abordant le conflit à travers le destin de quatre Algériens enrôlés dans l'armée française. Méfiance, harcèlement psychologique, racisme, trahison, violence. Le réalisateur traduit sans détour cette incapacité à comprendre l'autre. De ce constat naît toute une réflexion sur l'articulation entre histoire et mémoire. Philippe Faucon est le premier à proposer une décolonisation du récit cinématographique en inversant les regards. Quant à Laurent Herbier, sans pour autant déresponsabiliser l'armée, il s'évertue à dénoncer sans ménagement l'ambiance délétère, la force de la hiérarchie, les rivalités entre les autorités civiles et militaires, la souffrance de la population algérienne prise entre le feu croisé des Français et des Fellaghas. Laurent Herbier s'intéresse à cette articulation très ambiguë entre décisions politiques et actions militaires, développant une réflexion pertinente sur la pratique de la guerre en démocratie.

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La France et son histoire
Selon Patrick Rotman, "Le tabou ne porte pas sur la possibilité d'accéder à la connaissance des faits. Il est davantage en lien avec l'extrême difficulté que les Français ont à regarder leur histoire, à la dominer au-delà des passions et des haines." (2) Le scénariste et historien parle du cinéma comme d'un "divan collectif". Mais "il y a une difficulté du cinéma français à affronter l'histoire, à jouer ce rôle de catharsis des grands moments de l'histoire". (3) Alors que les Etats-Unis sont en pleine séance de thérapie collective concernant la guerre en Irak (après 'Les Rois du désert' de David O. Russell, 'Jarhead' de Sam Mendes, 'Redacted' de Brian de Palma et 'Dans la vallée d'Elah' de Paul Haggis, s'apprête à sortir 'Grace is Gone' de James C. Strouse), il aura fallu cinquante ans à la France pour reconnaître les responsabilités du régime de Vichy dans la déportation des juifs. Il en faudra autant pour voir la situation des anciens combattants coloniaux s'améliorer à la suite de la sortie d''Indigènes' (2006) de Rachid Bouchareb.

Contrairement à la Seconde Guerre mondiale, où gaullistes et communistes ont pu s'appuyer sur des épisodes tels que le Débarquement ou la Résistance pour édifier un mythe, la guerre d'Algérie est longtemps restée ce miroir sombre dans lequel la France voyait se refléter son incapacité, après l'Indochine, à gérer pacifiquement la dislocation de son empire. Alors, du haut de sa Déclaration des droits de l'homme et auréolée de ses Lumières, la France a souvent préféré regarder ailleurs. Mais du mythe naît l'amnésie. Et sans sombrer dans l'autoflagellation, il s'agirait peut-être d'accepter enfin notre histoire dans toutes ses dimensions
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Date d'inscription : 04/08/2008

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MessageSujet: Re: LA GUERRE D'ALGERIE DANS LE CINEMA FRANCAIS   LA GUERRE D'ALGERIE DANS LE CINEMA FRANCAIS Icon_minitimeDim 7 Sep - 6:15

Merci pour cet article qui fait du bien au sentiment de colère et douleur que nos ascendants n'ont jamais pu surpasser au point de nous l'avoir infligé.

Un film dans une suite qui parle d'un combat longtemps dévalorisé par la France, et débilement banalisé par la propagande régionaliste de nos gouverneurs depuis 1962.

L'identité algérienne baffouée pendant plus d'un siècle, malmenée jusqu'à être déformée et livrée à elle même dans un terrain où toutes les traces furent effacées, les conflits et haines créés pour être hérités au sein d'un peuple analphabétisé. Un contexte que seul le Cinéma pourra mettre à nu comme ce fut le cas pour d'autres nations.

Le deuil de notre nation arrivera-t-il par le Cinéma ?

Une nation née pour se battre indéfiniment, tel est le destin des descendants de guerriers.

Merci à nouveau pour l'article.
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